25 février 2014

Rwanda

Les médias étant excellents pour rapporter des histoires macabres qui restent dans la tête; je suis certaine que la plupart d'entre vous pensent automatiquement au génocide de 1994 à la mention du Rwanda.

Commençons donc par remettre les pendules à l'heure, puisque les tueries c'étaient il y a 20 ans et que les choses ont bien changées depuis. À notre grand étonnement, le Rwanda est vite devenu une perle de notre visite de l'Afrique de l'est.

Si le pays a implosé à cause de tensions ethniques, de nos jours il est bien mal vu de faire la distinction entre les hutus et les tutsis. Les Rwandais travaillent fort à créer une identité nationale égalitaire et dépourvue de distinctions ethniques.

Comme on s'est fait dire par un local, après les horreurs de '94, les Rwandais auraient pu sombrer dans un cycle de vengeance infernal. Heureusement, le gouvernement a décidé de laisser le passé derrière et de se tourner résolument vers le futur. La résilience des gens et leur volonté à surmonter leurs épreuves est particulièrement louable. Si des fonds internationaux ont été nécessaires pour rebâtir le pays, ce sont quand même les efforts des Rwandais qui sont à la base des succès flagrants qu'on a pu constater.

Le pays est bien organisé et il ne semble pas y avoir trop de corruption, comparativement aux pays avoisinants. Parmis les aspects positifs qui nous ont marqués, il y a les corvées communautaires auxquelles tous les Rwandais participent chaque dernier samedi du mois. Au lendemain du génocide, elles étaient obligatoires, mais de nos jours il serait bien mal vu de ne pas y participer. Je pense aussi que les gens tirent une grande fierté à savoir qu'ils contribuent à construire leurs écoles ou entretenir leurs routes.

L'éducation est obligatoire jusqu'à la fin du secondaire et ils la prennent au sérieux. Le pays essaie aussi de développer sont secteur informatique afin de devenir un centre d'excellence sur le continent. Considérant la petitesse du pays, c'est une excellente façon de créer de l'emploi de qualité.

Leurs efforts sont aussi de nature écologiques et les sacs en plastique sont illégaux. On s'est même fait fouiller à la frontière pour détecter cette contrebande! Cette loi enlève tout le "charme" d'un pays en voie de développement, puisqu'il n'y a aucun sachet, ou autres déchets, qui s'amoncellent dans les rues. Le pays est tellement propre et bien entretenu que la comparaison avec la Suisse est facile. D'ailleurs, les Rwandais semblent obsédés par la haie bien taillée et le jardin immaculé. Leur maisons en briques bien construites sont une surprise après les huttes en terre qu'on a vu partout dans les pays voisins.

Le pays des milles collines est doté d'une grande beauté naturelle qu'on a pu constater lors de nos visites entre Kibuye et Gisenyi, aux abords du lac Kivu. Sur l'étendue du territoire, il y a littéralement des milliers de collines verdoyantes dont les terraces pour l'agriculture rappellent l'Asie. On s'est trouvé des hôtels merveilleusement bien aménagés, avec une atmosphère détendu et des vues imprenables, qui ont occupé une grande partie de notre temps. À Kibuye, on a fait la connaissance d'une mère et fille québécoises et du copain Rwandais, avec qui on a partagé un tour de bateau et plusieurs bonnes discussions sur le pays. À Gisenyi, nos marches et tours de moto sur la route côtière nous rappelait la "Great Ocean Road" en Australie.

Après avoir manqué les Tambourinaires au Burundi, on avait prévu entrer au Rwanda par Butare, où il y a une troupe de percussionnistes "Intore" apparemment similaire. C'est à notre grande stupéfaction que notre autobus nous a débarqué directement à Kigali dans le centre du pays! Il doit y avoir eu une erreur de communication de notre part, mais cet arrêt infortuné mettait fin à nos espoirs de voir le spectacle, puisqu'il aurait fallu rebrousser chemin. Sniff,  sniff. De notre hotel à Kibuye, on a aperçu et entendu, de loin, un groupe amateur qui se pratiquait dans le parc. Évidemment, quand on est arrivé sur les lieux, ils avaient fini de jouer. Je vais donc devoir ajouter un rythme de percussion aux milliers de flamand roses dans ma tête.

Néanmoins, Kigali s'est avérée être une plaisante capitale, toute à l'image du pays. Heureusement, le trafic infernal et les rues bondées d'hommes et de femmes transportant des colis en équilibre sur la tête étaient là pour nous rappeller qu'on est encore en Afrique. Malgré l'effervescence, les Rwandais sont charmants et un peu réservés. La langue seconde d'enseignement est passée du français à l'anglais assez récemment et, si certains maîtrisent la langue de Molière, d'autres privilégient celle de Shakespeare. Pour nous, ça créait la confusion de savoir dans quelle langue s'adresser. On aurait bien voulu essayer le kinyarwandais, mais juste le nom nous a laissé bouche-bée.

Évidemment, on a fait le détour nécessaire par le Kigali Mémorial Center pour réfléchir sur la nature humaine et les erreurs du passé, mais ce qui nous a surtout marqué du pays c'est son optimisme consciencieux pour un avenir prometteur.
Collines près de Gisenyi.
Gisenyi - regardez comme c'est propre!
Lac Kivu - Daniel, Chanelle, Anne-Marie, Geneviève et David.
Hôtel Palm View, Gisenyi.

5 commentaires:

Unknown a dit...

En effet...le film Général Dallaire nous a tous marqués.Votre mise au point me fait voir le Rwanda plus positivement.Je partage votre déception pour les tambourinaires.AH...d'autres moments magiques vous attendent.

Unknown a dit...

Votre voyage me semble de +en+ paisible à la lumière de votre découverte du réel Rwanda... Merci de mieux me le présenter et j'avale ma pilule face à la résilience...et oups! ouverture à mieux orienter mes recherches...
Bonne continuité. Je vous souhaite encore de belles perles à partager. Gros bisous xx

Anonyme a dit...

Hmmm... C'est tout un changement dans mes préjugés et mes perceptions de commencer à voir le Rwanda comme une destination de tourisme. Vous avez beau dire que le conflit a eu lieu depuis longtemps, la plupart des pays ne s'en remettent pas aussi bien, et avec autant de succès. Même pour les catastrophes naturelles, on sait tous qu'en Haiti, il y a encore des camps de réfugiés après le tremblement de terre. Faut croire qu'ils ont le courage à la bonne plage, les gens du Rwanda. (j'ai aussi entendu dire que les survivants étaient beaucoup plus des femmes que des hommes, est-ce que ça pourrait peser dans la balance?)
Enfin... Tout ça pour dire que la photo de l'hôtel me semble aussi tentante que celles des destinations soleil d'Amérique centrale...

Anonyme a dit...

Qu'est-ce que vous faites depuis 21/2 semaines??? on veut voir!!!

David Vallée a dit...

Arghh, ça fait 4 jours qu'on essaie d'uploader la nouvelle entrée... Ça marche juste pas. On va peut-être devoir la faire sans photos :-(