10 janvier 2007

Birmanie (Myanmar)

Pendant le mois ou tout le monde prend des kilos en trop au Quebec, nous etions occupes a visiter la Birmanie. Le nom officiel du pays est le Myanmar, mais nous prenons position et nous utilisons le nom Birmanie qui est employe par ceux qui luttent pour obtenir la democratie au pays.

Nous avons vecu plusieurs aventures et visite plusieurs villes et villages, mais pour vous parler de la Birmanie il faut d'abord vous parler de ses habitants. Ce sont surtout ceux-ci qui ont rendu notre voyage interessant et surprenant. Nous avons eu droit aux sourires les plus sinceres de tout notre voyage. Bien sur, il y avait des enfants qui nous envoyaient la main partout et meme qui courraient vers nous pour nous donner des fleurs sur notre chemin, mais les adultes etaient tout aussi demonstratifs et charmants.

Pour que vous puissiez vous faire une image mentale, disons que la population est un drole de melange entre les Indiens, les Chinois et les Thais. La plupart ont le teint tres fonce, comme les Indiens, mais avec des traits plus asiatiques. Les hommes portent le "longyi", une sorte de long drap qui s'attache avec un noeud autour de la taille. Ils chiquent souvent la noix de betel qui leur laisse la bouche et les dents rouges. Evidemment qui dit chiquer dit cracher, alors il a fallu s'habituer a cet acte en public. Les femmes et les enfants sont constamment maquilles avec du tanakha, une sorte d'ecran-solaire a base de plante qui fait de grosses traces jaunes sur le visage.
Comme dans la plupart des pays d'Asie du Sud-Est, les hommes vous attendent dans des taxis ou des "trishaw". On les voit partout entrain de flaner dans les "tea-shop" sur le bord de la rue pendant que les femmes s'occupent des boutiques, vendent au marche ou porte des paquets sur leur tete. Oui oui, sur la tete! En fait, pour une femme Birmane il est tout aussi naturel de porter un enorme fardeau en equilibre sur sa tete que pour nous de porter notre sac a dos. J'en ai vu une courir dans un train en marche en evitant les passagers assis dans l'allee sans jamais tenir ni renverser le plateau de nouilles frites et de bocaux de sauces qu'elle avait de perche sur la tete!

Les Birmans sont des bons vivants. Ils chantent partout et souvent tres bien. Les jeunes hommes jouent presque tous de la guitare dans le fond des boutiques, dans les "tea shop" ou sur la rue. Ils aiment bien le pop et le hip-hop ou tout ce qui est assez dynamique. Dave etait tres content d'entendre du "Dream Theater" dans une rue de Yangon!

Nous avons profite de leur sens de la fete pour notre reveillon du jour de l'an. Nous etions a la terasse d'un restaurant de Bagan avec d'autres touristes et plusieurs locaux etaient la pour jouer de la guitare autour du feu de camp. Ils sont vraiment de bons chanteurs, car meme apres beaucoup de biere et de whisky, ils chantaient encore tres bien.

L'hospitalite est un point d'honneur qui est bien ancre dans leur culture. Par exemple, les gens vont entretenir des urnes pleines d'eau dans de petite niche le long de la route pour les voyageurs assoiffes. Systematiquement, meme dans les maisons les plus pauvres, on va vous offrir le the ou quelque chose a manger, selon les moyens. Pendant une randonnee a bicyclette, des villageoises sont venus nous offrir des d'oranges et des bananes...

Leur generosite transparait aussi dans la nourriture qui est toujours en grande quantite. Au restaurant, si vous commandez un plat de curri (pour environs 25 cent) vous allez aussi recevoir: du riz, de la soupe, du the et des plats d'accompagnement. Notre reccord: 16 plats en prime avec notre viande!

Une autre particularite des Birmans: ils sont des leve-tot, vraiment tres tot! A 4 heures du matin, les villes et les villages sont animes. Ils y a meme des marches aux chandelles puisque le soleil n'est par encore leve. Evidemment, a ce rythme la, il ne faut pas s'attendre a beaucoup d'animation passe 19h! Ils ont tellement l'habitude de vivre a moitie de nuit que la plupart des longs trajets d'autobus partent le soir pour arriver vers les 5 heures du matin a destination. C'est une des raisons qui nous a rapidement fait preferer le train ou le bateau a ce moyen de transport nocturne. Nous avons fait un beau parcours sur le fleuve Ayerrawady entre Mandalay et Bagan avec, encore une fois, des femmes vendant des victuailles sur leur tete. Dans le train entre Hsipaw et Py U Lwin nous avons franchi des tunnels et un viaduc impressionnant tres haut au dessus d'une riviere.

Les lieux visites...

A Yangon, la metropole du pays, nous avons ete surpris par le contraste et la difference avec la Thailande que nous venions de quitter. On dirait que la vieille ville coloniale anglaise a ete fige dans le temps pour ensuite etre envahie par une vaste population cosmopolite. Les batiments sont sales, les voitures sont vieilles; mais les rues sont bondees et dynamiques. Partout sur les trottoirs, les differents vendeurs se succedent selon l'heure du jour. Il y a des mosques, des eglises et des temples boudhistes ou hindouistes avec les gens portant les costumes appropries pour toute ces religions. C'est assez fascinant!

C'est aussi a Yangon que nous avons decouvert le "tea-shop". Ce lieu, partout dans le pays, semble le plus important de la societe birmane. Il peut s'agir d'une petite boutique ou de quelques chaises de plastique miniatures sur le trottoir. Les gens s'y retrouvent en toute sorte d'occasion pour boire du the au lait condense sucre et manger des patisseries, des "chapati" ou des "samosa". On en a fait une habitude tellement c'etait agreable!

La campagne birmane est charmante et surtout tres cultivee. Une vrai courte-pointe de champs de toute sorte. C'est beaucoup plus varie que les rizieres du Laos. Nous avons fait une tres belle randonnee de trois jour entre Kalaw et Nyaung Shwe (Lac Inle). Lors de notre premiere nuit, notre guide et notre cuisinier nous avaient prepare un bon repas bien tranquille a l'ecart de la famille, mais nous avons quand meme reussi a nous attirer un peu de compagnie grace a des dessins et a des cartes postale du Quebec. Avec les enfants de la famille nous avons partage des bons moments! Ils nous ont fait jouer a des jeux et nous leurs avons meme appris une chanson en francais! Pour s'en rappeler, ils ont transcrit les sons dans leur alphabet, qui ressemble a plein de petits ronds. Les prochains visiteurs francophones risquent d'etre surpris!

Le seul probleme de la campagne et des montagnes, c'est le froid. Il nous a fallu beaucoup de couvertures pour etre confortable dans le monastere boudhiste ou nous avons passe notre deuxieme nuit entre Kalaw et le Lac Inle. Par contre, c'etait une belle experience que de se faire reveiller par le chant des jeunes novices ... a 5 heure du matin.

Sur le Lac Inle, les gens propulsent des pyrogues en poussant la rame avec leur pied. Partout autour de Nyaung Shwe, les enfants font voler des cerfs-volant. J'ai bien voulu essayer, mais j'ai eu quelques difficultes...

Mandalay et le doux son des generatrices... Quand on pense a cette ville, on ne peux pas s'empecher de sentir l'odeur de petrole qui se degageait de toutes ces generatrices alignees sur les trottoirs pour alimenter la ville pendant les nombreuses pannes de courant. En fait, les pannes electriques sont tres courantes dans tout le pays, parce que le reseau electrique gouvernemental ne reussi a offrir que quelques heures d'electricite par jour. Nous ne nous sommes pas beaucoup attarde a cette ville, mais nous en avons profite pour aller voir le spectacle des Moustache Brothers. Cette troupe de danseurs-comediens a deja ete tres populaire dans les grandes occasions et les mariages. Malheureusement, deux de leur membres ont du purger 7 ans de prison et de travaux forces pour avoir raconte publiquement des balgues sur le gouvernement. Une de celle-ci: Comment appelez-vous le casque d'un policier de la circulation? ... Une boite de donation (pour recevoir les pots-de-vin evidemment). Aujourd'hui, ils sont interdits de representation; mais par protestation, ils font quand meme un petit bout de spectacle pour les etrangers dans leur maison afin que ceux-ci puissent temoigner.

Lors de notre passage a Hsipaw, nous avons fait la connaissance de Mr.Book comme tous les etrangers le surnomment. Ce gentil personnage tient une petite boutique de livre et est un membre tres actif du NLD (National League for Democraty). Il est surveille par la police et sujet a toute une liste de restrictions imposees par le gouvernement. Par exemple, il ne peut pas parler a des etrangers a propos de politique ni se deplacer dans certains villages. Il ne respecte aucune de ces restrictions parce que, comme il le dit, s'il le fesait il y en aurait d'autres qui s'ajouteraient. Malgre tout, c'est un combattant pour la democratie et la liberte d'expression. Pour lui, ca passe par l'education et la comprehension. En ce temps des Fetes, il a ete pour nous un vrai pere Noel, car c'est avec lui que nous sommes alles dans des villages delabres pour distribuer aux enfants des vetements chauds et des fournitures scolaires que d'autres voyageurs ont contribue a acheter. Il nous a fait faire des kilometres sur des vieilles bicyclettes inconfortables entre autre pour rencontrer un professeur qui l'avait aide, en 1990, a preparer la population pour des elections qui ont ete bafouees par la junte militaire. Pourtant, elles avaient ete remportees a 80% par le NLD. Il nous a meme trimbale dans des zones interdites ou nous avons croise des points de controle militaire et un convoit de chars d'assaut. Devant chez lui, il nous a fait remarquer les prisonniers qui debarquaient d'un autobus pour faire du "travail cooperatif", comme le dit le gouvernement militaire. En fait, il s'agit de travail force, souvent reserve pour les prisonniers politiques. Nous avons entendu les chaines... Toutes ces constatations nous ont marque. Pour nous, comme pour la plupart des autres touristes, la Birmanie est un beau pays avec des habitants charmants, alors il est facile d'oublier les problemes de droits humains fondamentaux qui sont toujours presents. Cependant, nous retenons surtout la vivacite, l'intelligence et la generosite de Mr.Book qui nous a offert le meilleur et le pire de son pays avec un sourire sincere et des actions concretes.

Tous les touristes qui vont en Birmanie passent par Bagan. C'est une ancienne ville royale ou les pagodes, les palais et les monasteres sont tres nombreux. Ils y en auraient plus de 2000 encore visibles dans la plaine qui s'etend a perte de vue. Le lieu est franchement impressionnant, surtout au coucher et au lever de soleil que avons pu apprecier du haut des temples. Comme nous etions en plein dans le festival Ananda (une des pagodes les plus importante), il y avait plus de Birmans que d'etrangers dans les ruines. Plusieurs campaient avec leur char a boeufs. De notre cote, nous avions comme moyen de transport douloureux, mais indispensable, de vieilles bicyclettes. Elles nous ont permis de chercher les pagodes les moins visitees pour pouvoir les explorer et se les approprier quelques heures pour lire et relaxer.

Apres Bagan, il ne nous restait que quelques jours pour retourner a Yangon. Comme le trajet normal entre les deux villes est tres long (20h d'autobus!), nous avons decide de couper la route en deux en nous arretant a mi-chemin dans la capitale Pyinmana. On pensait que Yangon etait la capitale, mais non. Le gouvernement a transfere le pouvoir dans cette petite ville de province ou personne ne va. C'est surement plus facile pour eux, car on dirait qu'ils ont quelque chose a cacher. Aucun "Guest House" pas cher n'est autorise a recevoir des etrangers. On s'est fait indiquer qu'il fallait sortir de la ville pour trouver des hotels. On ne s'attendait pas a ca, mais apres un bout de chemin sur une autoroute deserte, nous n'avons trouve que d'immenses hotels pour personnes riches et des beaux blocs appartements sans aucun doute reserves aux officiels. Les rues etaient neuves et bien eclairees alors que partout ailleurs dans le pays les gens font marcher des generatrices pour palier au manque d'electricite. Evidemment, les soldats armes etaient nombreux. Lorsqu'on a decide qu'on allait dormir a la gare en attendant le prochain train, on s'est rendu compte a quel point les restrictions etaient fortes: les gens craignaient notre presence. Pas moyen d'entrer dans un restaurant et impossible de rester, comme les locaux, sur la plateforme. Le chef de police, preferant nous avoir a l'oeil, nous a permis de dormir sur le placher du poste de police! On s'est fait dire apres cout que c'etait tres rare pour quelqu'un d'aller voir ce qui se passe dans cette ville. On ne se demande pas pourquoi!

En somme, toutes nos experiences en Birmanie ont ete enrichissantes. Nous nous considerons comme privilegies d'avoir rencontre autant de personnes interessantes. La generosite et l'hospitalite des Birmans nous a epate! Pour ce qui est d'ameliorer leur conditions sociales et politiques, notre plus grand pouvoir est de vous partager notre experience pour que vous soyez vous aussi conscients de leur realite.