07 octobre 2006

Phnom Penh et Tuol Sleng - Cambodge

Apres Siem Reap et les magnifiques ruines Khmer de Angkor, nous nous sommes diriges vers la capitale cambodgienne. Ce fut une arrivee un peu brutale, tard le soir apres toute une journee de karaoke bruyant dans notre autobus. Celui-ci s'est arrete dans un parc ou nous avons tout de suite ete assaillis par des conducteurs de mobilettes et des enfants-mendiants completement geles. Ils sentaient la colle a plein nez.

Mais comme c'est le cas dans les grandes villes, la pauvrete cotoie souvent la richesse. Alors, a deux pas du parc, nous etions sur une grande promenade longeant la riviere. Les hotels etaient de luxe et les restos-chics au gout des etrangers qui travaillent dans la ville, car il y a beaucoup "d'expat" qui travaillent pour des organismes a but nos lucratifs au Cambodge.

Le lendemain, nous nous sommes promenes dans la ville et nous avons visite le meilleur musee qui existe pour faire comprendre les atrocites commis par le regime communiste de Pol Pot. Pour vous situer, cet homme, qui, pendant un temps, a ete reconnu par les Nations Unies comme le leader officiel, a reussi en 4 ans a tuer environ 3 millions de personnes, soit la moitie de la population cambodgienne de l'epoque. Toute l'elite intellectuelle a ete massacree. Les villes ont ete videes, car Pol Pot voulait une population paysanne et docile. Ce musee est Tuol Sleng (S.21), une ancienne ecole qui a ete convertie en prison et en centre de torture pour ceux qu'on accusait de comploter contre le parti. De loin, le batiment a l'air anodin. C'est vraiment une ecole comme on en voit ici. Quelques batiments de deux etages entoures d'une cour. Puis, on voit les barbeles et les grillages. A la porte, il y a des mendiants. Il leur manque des membres comme beaucoup de personnes, vieilles et jeunes dans Phnom Penh. L'un a le visage tellement brule et defigure que j'ai eu un haut le coeur. Plus tard, j'ai entendu une autre touriste parler avec emotion de sa rencontre avec le meme mendiant. Le pire, c'est que la vue de cette personne vous prepare a peine a votre visite de l'ancienne ecole.

Nous avons pris une guide qui nous a introduit en nous expliquant qu'elle n'a pas pu recevoir d'education a cause de cette periode sanglante. Elle avait quatorze ans et elle est sans nouvelle de ses parents depuis. Ils etaients enseignants... Elle nous a explique que Pol Pot est decede, mais les "leaders" numero 2 et 3 sont toujours en liberte. Elle n'a pas voulu nous donner son opinion sur le sujet, la blessure fait encore trop mal...

Elle nous a fait visiter les salles de classes qui avaient ete subdivisees en chambre de torture. Rien n'a ete change, seulement les cadavres qui ont ete enterres. Au milieu de la piece, il y avait le lit de metal avec les fers qui servaient a retenir les victimes. Sur les murs, il y avait une photos des derniers prisonniers qui ont ete trouve (morts evidemment) avant que le lieu ne cesse d'etre une prison. Les photos etaient crues, horribles. Sur les murs, le sol et le plafond on peut encore voir les taches laissees par le sang des victimes. Dans un autre batiment, on peut voir les photos des victimes; des hommes, des femmes, des enfants et meme des bebes. Les bourreaux aussi ont ete photographies. La plupart etaient des jeunes de 14 a 18 ans, recrutes de force par les Khmers rouges. Ca n'avait rien a voir avec les musees ordinaires. C'etait minimaliste, cru et ca nous a beaucoup secoue.

Desole pour cette description un peu longue et pourtant bien sommaire du musee. Nous nous sommes balade dans la ville et nous avons vu toutes sortes de choses plus jolies et plus amusantes, comme cet etrange batiment art-deco avec un dome enorme qui sert de marche! Parmis les anecdotes, il y a des gens qui s'installent sur le trottoir avec des lits a moustiquaire pour passer la nuit au frais! Cependant, cette visite a ete au centre de notre premier passage a Phnom Penh. Aussi, c'est en comprennant un peu mieux l'histoire recente de ce pays qu'on a pu apprecier d'avantage le sourire et la chaleur des Cambodgiens. Leur ville est pauvre, sale et desorganisee. Nous avons meme eu de la difficulte a trouver un bureau de poste parce que les gens ne se souviennent meme pas que ca existe! Les conducteurs de cyclo-pousse ou de mobilette sont envahissants, mais c'est une lutte constante pour la survie et pour l'amelioration de leur sort. Ils sont bien courageux!

1 commentaire:

Marc, celui qui n'aime pas les voyages a dit...

Pol Pot. On se demande bien comment les Nations Unies ont pu le prendre au sérieux avec un nom comme ça. J'avais déjà entendu ça quelque part, mais je pensais qu'il s'agissait d'un xième parti politique en faveur de la légalisation de la marijuana. Je veux dire, si j'avais un nom comme ça, moi aussi je serais d'humeur à massacrer quelques millions de personnes.

Mais de là à tuer des bébés et des enfants, c'est vraiment dégueulasse. Les femmes aussi, d'ailleurs. En fait, c'est injuste, parce que nous, les hommes, sommes les seuls qu'il est considéré comme pas trop pire de torturer. "Quoi, il a torturé des centaines de personnes? Ah, c'était juste des hommes. Dans le fond, c'était un gars correct, il a épargné les femmes et les enfants."

Tiens, je crois que je vais me taper une crise d'identité sexuelle. Je me sens opprimé par la société. Je n'ai jamais demandé d'avoir ce chromosome Y!! Rebellons-nous, hommes, nous sommes aussi sensibles que les femmes et les enfants!

Je vais de ce pas organiser une marche pour le droit des hommes à la moumounerie!